Les gorges de Vikos

LES GORGES DE VIKOS

Par Sabine

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Fin mars 2018

Nous reprenons les routes de montagne pour nous enfoncer dans le pays des Zagoria (littéralement « au-delà des montagnes »). Les villages de cette région appelés « Zagoriachora » connurent une certaine prospérité au moment de l’occupation turque au 15^e S. Ensuite, les Zagoria déclinèrent, au cours de la seconde guerre mondiale, les nazis brulèrent beaucoup de villages à partir desquels s’organisait le maquis. Lors de la guerre civile (1946-1949) les derniers habitants s’exilèrent en ville ou à l’étranger. Depuis quelques années, la prise de conscience du patrimoine a ramené quelques jeunes qui y vivent à l’année. Les maisons ont été restaurées selon l’esprit traditionnel et l’activité essentiellement touristique redonne vie à cette magnifique région aussi bien en été qu’en hiver. Nous nous arrêtons dans le joli village de Monodendri et trouvons d’emblée la chambre d’hôte qu’il nous faut : maison familiale toute en pierre, plafonds en bois peint, cheminée dans les chambres, grosse couette et vue sur les montagnes. De plus, le fils et ses parents nous font un accueil très chaleureux, normal leur établissement s’appelle « Zagoria Phylloxenia » ce qui signifie « le bon accueil de Zagoria ». En contrebas de la route principale se niche le vieux village restauré en partie. Des venelles en pavés, des vieilles pierres partout, une place de village idyllique et quelques tavernas, c’est le décor que nous traversons pour commencer la randonnée vers le monastère d’Agia Paraskevi. Ce petit monastère abandonné mais toujours entretenu, est perché sur une paroi vertigineuse des gorges de Vichos. Le site grandiose se prête à de belles prises de vues mais nous décidons de filmer et de survoler en drone ces gorges aux parois à pic, sous tous les angles. 

Une route bordée de « cheminées de fées », des concrétions en galettes superposées, nous mène au lieu-dit Oxia. Il s’agit d’un balcon surplombant les gorges d’où René envoie le drone pour suivre le canyon en contrebas. C’est assez impressionnant de faire descendre l’engin entre ces parois qui descendent jusqu’à 1000 m plus bas. Heureusement, le bien nommé Ella revient sans encombre.

Nous nous rendons compte que ces points de vue, certes très impressionnants, ne peuvent remplacer une randonnée au cœur de cette faille qui s’étend sur 10 km. C’est à partir du petit village perché de Vichos que nous entamons la descente par un petit sentier vers le bas de la gorge. Nous sommes chargés du matériel de tournage, drone, caméra, trépied et sacs à dos. Les cuisses chauffent, les chevilles se tordent sur les pierres, le dos souffre mais le décor est tellement époustouflant que nous arrivons sans trop nous en rendre compte au bord de la rivière qui coule au cœur des gorges. On se sent lilliputien au cœur de cette nature majestueuse, presque oppressés par ces falaises gigantesques. Cette virée en Thessalie et en Epire, nous a révélé encore un autre aspect de la Grèce que nous ne finissons pas de découvrir avec autant de plaisir et d’étonnement face à une telle diversité de paysages et de modes de vie.