Chios

CHIOS, l’île à mastic
                                                                         par René 
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Vous voulez de l’authenticité, allez sur la grande île de Chios.
Chios est située dans les Sporades et est, à notre sens, la plus grecque des îles grecques.
Chios ne faisait pas vraiment partie de notre programme, mais lorsque nous avons « ressenti » le magnétisme dégagé par cette île rocailleuse qui vit naître le célèbre poète Homère, nous nous sommes dit que nous ne pouvions passer à côté de l’île « à mastic » !
Sous la domination des Génois, qui contrôlaient le commerce fort lucratif du mastic, l’île devint l’une des plus riches de la Méditerranée. Son essor se poursuivit sous la domination ottomane jusqu’à la guerre d’indépendance grecque en 1821. Chios se souleva. La vengeance des Turcs fut terrible. Ils massacrèrent 30.000 personnes et en réduisit le double en esclavage.
Ce malheur retentit dans le monde entier et  inspira le peintre Delacroix ainsi que Victor Hugo, qui écrivit  l’Enfant de Chios.
Les rescapés se dispersèrent dans toute l’Europe et nombre d’entre eux devinrent de riches négociants et de prospères armateurs.
A peine relevée de ce traumatisme, l’île fut ravagée par le grand séisme de 1881 qui engendra encore 3.500 victimes.
Aujourd’hui, l’île est redevenue animée et la Chios moderne résonne encore des bruits de l’Orient…

Justement, j’ai rarement vu sur les îles grecques, une cité aussi bouillonnante, aussi agitée que la ville de Chios avec son bazar animé, ses ruelles congestionnées et son port bruyant. Peu de concessions sont faites au tourisme. C’est vraiment dépaysant.
Nous avons loué une voiture et je peux vous dire que j’appréhendais la conduite dans cette ville où le code de la route répond aux abonnés absents. Au bout de 4 jours, tout fier, j’ai pu rendre la voiture sans la moindre égratignure !

En route pour le sud de l’île pour faire connaissance avec la spécialité de Chios, le mastic. Cette résine, récoltée à partir d’entailles effectuées sur un arbre, proche du pistachier, le Pistacia lentiscus, était le produit le plus lucratif au moyen-âge. Il était utilisé comme base de peintures, de cosmétiques et surtout de médicaments. Aujourd’hui, le mastic sert à produire des gommes à mâcher, des liqueurs et même du dentifrice.

Environ 300 tonnes de résine sont prélevées chaque été parmi les innombrables arbres à mastic qui parsèment les collines du sud de l’île. La résine, qui se solidifie en une journée, est ensuite récoltée et mise à sécher.
Une bonne dizaine de localités font partie du mastichochoria , les villages du mastic. Construits par les Génois aux XIVe et XVe siècles, sur un plan unique en Grèce, ils possèdent des caractéristiques défensives communes ainsi qu’un réseau complexe de rues afin de désorienter les étrangers. Et je vous garantis que cela fonctionne, nous en sommes la preuve vivante ! Était-ce à Olympoi, Vessa ou Mesta, je ne m’en souviens plus….

Par contre, je me souviens très bien du très joli village de Pyrgi, renommé pour ses maisons ornées de décorations xysta (griffées). Les murs extérieurs sont enduits de sable noir ou parfois de ciment, puis de blanc de chaux. Des motifs géométriques sont ensuite soigneusement grattés sur le mur, révélant la couche sombre. C’est absolument magnifique !

Un autre joyau de Chios se trouve blotti dans un vallon boisé, au centre de l’île.
Fondé en 1042 par l’empereur byzantin Constantin IX, le monastère de Néa Moni, possède en son sein des mosaïques qui comptent parmi les plus belles du pays, à l’exemple du « Christ lavant les pieds des disciples ».

En 1822, lors du massacre de Chios, deux mille habitants de l’île vinrent se réfugier au monastère, mais la plupart furent tués ainsi que les six cents moines. Les os des victimes sont rassemblés dans l’ossuaire d’une petite chapelle à l’entrée.
Les marques de coups de hache sur de nombreux crânes, y compris des crânes d’enfants, illustrent la sauvagerie du massacre.

Avec ses paysages semi-montagneux, on peut découvrir au détour d’un virage, de très beaux villages comme celui d’Avgonyma ou encore une vue saisissante du village d’Anavatos qui est quasiment resté inchangé.

Chios compte quelques belles plages comme celle de Komi et un petit port de pêche tout mignon cerné par d’innombrables terrasses, Lagada.

Chios nous a surpris.