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Cephalonia
CEPHALONIE, pins et eaux turquoises
par René
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Une courte navigation nous amène au petit port de Sami sur la grande île de Céphalonia. Sami est un des seuls ports non squattés par les flottilles.
C’est un nouveau genre de « navigation » qui rencontre énormément de succès, surtout auprès des anglo-saxons. Ils naviguent d’un endroit précis à un autre endroit précis par grappes d’une dizaine, voire d’une vingtaine de voiliers. Ils sont précédés et accompagnés d’un bateau-pilote avec à son bord un skipper professionnel, une hôtesse et un mécanicien qui peuvent résoudre tous les problèmes…
La voile, symbole d’espaces et de liberté, en prend un sacré coup !N’empêche, à Sami, il reste encore tous les voiliers de location individuelle des grandes compagnies de charter. Mais arrêtons de médire car il y a juste 3 places de libre. Le compte y est bien puisque nous sommes accompagnés par « Sorianno » avec qui nous avons fait copain-copain sur Ithaque.
Et « Sorianno » est un catamaran avec à son bord Gérard, Dominique et le jeune mousse de 11 ans prénommé Teva. Ces sympathiques français vivent à l’année sur leur bateau et, avant de rejoindre la Grande Bleue, ont navigué en Atlantique et en Amérique du Sud.
A Ithaque, cela a directement « cliqué » entre nous, comme disent nos amis québecois. Cela fait du bien de rencontrer un vrai bateau de voyage.
Cela nous a rappelé de bons souvenirs…Sami a été complètement reconstruite après le tremblement de terre de 1953. Elle est située dans un beau cadre de pentes vertes et boisées mais la ville elle-même est peu intéressante. C’est pourtant à Sami qu’ont été tournées la plupart des scènes du film « Capitaine Corelli ».
A pied, nous nous rendons au village voisin de Karavomilos distant de 3 km pour visiter le lac souterrain de Melissani, alimenté par de l’eau de mer qui s’engouffre à Argostoli, de l’autre côté de l’île à quelques 20 km !
Une partie du plafond en calcaire s’est effondrée créant un site surprenant où l’eau est d’un bleu magnifique et d’une incroyable limpidité. On y fait un petit tour en barque pour admirer des stalactites datant de 20.000 ans.
C’était un sanctuaire dédié à Pan, le dieu de la Nature. Alors que Pan-Pan est, comme chacun le sait, le dieu des Armes…
Selon la légende, la nymphe Melissani, éconduite par Pan, s’y serait noyée.Les prévisions météo ne sont pas bonnes, pas bonnes du tout même. Aussi ai-je mis 60 mc de chaîne et doublé les amarres. Ajouté une garde, replié le bimini, ferlé sec toutes les voiles. Ce qui n’est pas le cas de nos voisins à tribord… des français moins sympas que ceux de babord, c’est-à-dire « Sorianno ».
Un peu hautains, ils font fi de mes conseils.
Je sens que l’on va avoir du spectacle !
A 17h00, le ciel s’assombrit méchamment. A 18h00, il fait nuit noire, les éclairs zèbrent le néant, le tonnerre est assourdissant, il y a un vent de tempête de 40-50 kn et il pleut à verse des gouttes horizontales…Genre fin du monde.
Bien à l’abri, j’observe mes voisins trempés qui vont se relayer durant 2 heures, à la barre, moteur en avant toute pour s’écarter du quai.Le lendemain, le temps s’est calmé et nous louons une petite voiture pour découvrir l’île. Nous passons par le port d’Ay Eufimia, situé à quelques kilomètres. Suite aux fortes pluies, il y a eu un glissement de terrain et les dégâts sont considérables.
Par mail, nous apprendrons que cette grosse zone orageuse a touché encore plus fortement le golfe argo-saronique avec des vents de 65-70 kn.
Bateaux disloqués, voiliers éventrés, chantiers de gardiennage ravagés.
Nous avons vu les photos, c’est ahurissant.
D’après certains grecs, il semblerait que ces excès de Dame Nature soient de plus en plus fréquents. De là à dire qu’il y a un lien avec la pollution et le réchauffement de la planète…il n’y qu’un pas.Aussi accidentée et escarpée que sa voisine Ithaque, Cephalonia détient le point culminant des îles ioniennes avec 1.600 mètres. De belles forêts de conifères descendent jusqu’à la mer. Elles sont essentiellement composées d’un pin local, grand et mince : Abies Cephalonica.
Tout au nord de l’île se trouve Fiskardho, surnommé le « ptit St-Trop »…
Effectivement, c’est assez joli. C’est le seul endroit de Cephalonie à avoir échappé au tremblement de terre. Le petit port est bordé de maisons vénitiennes du 18ème siècle aux murs pastel.Nous sommes bien contents d’être sans IDEMO car c’est la foire d’empoigne entre les bateaux de location pour trouver une place de libre même en ce début octobre.
Cap au sud avec un arrêt sur la presqu’île d’Asos. Ce village authentique est mignon comme tout. De l’autre côté de l’isthme d’Asos se dresse une forteresse vénitienne en ruine…Puis c’est la baie de Myrtou avec une des plus belles plages qui nous aient été donné de voir avec une eau limpide et turquoise style lagon polynésien.
Nous poussons tout au sud vers le chef-lieu de l’île, Argostoli. Sa physionomie traditionnelle est trompeuse. Car elle aussi a été reconstruite entièrement après le tremblement de terre en 1953.
Immédiatement, nous aimons bien cette ville animée qui a su rester grecque. Le front de mer est agréable et l’on peut emprunter le beau pont piétonnier en pierre qui rejoint Drapano et qui a créé d’un côté, une lagune qui abrite de nombreuses tortues carets.Ensuite, nous grimpons jusqu’à Kastro, un beau village perché surmonté par la forteresse byzantine d’Agios Georgios que nous voulons visiter mais qui est, je vous laisse deviner…fermée.
Dans l’antiquité, Cephalonie faisait partie du royaume d’Ulysse, et ici au moins, les archéologues ont pu mettre en évidence les sites mentionnés par Homère.
Dorpfeldt, ce réputé archéologue allemand découvrit lui des vestiges néolithiques près de Lefkas sur l’île de Leucade(Lefkada) et estima que c’était le palais d’Ulysse.
Alors…Ithaque, Cephalonia ou Lefkada ?
Affaire à suivre...comme dirait le Chat